Les barrières d’octroi

Henri Rousseau. L'octroi.
Dans la notice consacrée à Arcueil de wikipédia, il est écrit à propos des personnalités liées à la commune : « Henri Rousseau (1844-1910) dit le douanier Rousseau, peintre naïf ; il travailla comme douanier à la Maison des gardes, actuellement le conservatoire d'Arcueil. » Ma publication montre que cette affirmation est erronée. Le château vieux n’a jamais été bureau d’octroi (ou même bureau de douanes) où le peintre Henri Rousseau aurait pu travailler de 1871 à 1893. Il avait été nommé commis d’octroi de 2e classe à l’octroi de Paris en 1871. À cette époque, le château vieux, dénommé plus tard Maison des gardes, était propriété du teinturier Nicolas Jannet auquel succéda en 1900 son gendre, le teinturier Jules Caron, qui sera maire d’Arcueil de 1875 à 1878 et de 1888 à 1892. Au moment où le Douanier Rousseau est censé travailler comme douanier dans la Maison des Gardes, Jules Caron y habite avec son épouse Marie-Aspasie Jannet. Cette erreur m’a incitée à une recherche sur les barrières d’octroi. Il en résulte une première partie intitulée « Les bureaux d’octroi de Paris et d’Arcueil-Cachan ». La fraude à l’octroi, cette taxe sur les marchandises destinées à la consommation entrant en ville, a conduit à la construction de barrières à Paris sous Louis XVI. Je présente l’architecte Claude-Nicolas Ledoux, qui fut l’auteur des plans de 57 bureaux d’octroi parisiens. La construction des barrières fut interrompue par des émeutes et incendies des bureaux d’octroi, prémisses de la Révolution française, qui eurent lieu à Paris du 9 au 13 juillet 1789 à la veille de la prise de la Bastille. Reconstruits, la plupart des bureaux d’octroi furent démolis à l’occasion des travaux d’Hausmann. Il ne reste que quelques bureaux dont ceux de la place Denfert-Rochereau qui abritent le Musée de la Libération de Paris. Les bureaux d’octroi d’Arcueil-Cachan n’existent plus. Dans une seconde partie, je présente le peintre, le Douanier Rousseau, à travers quelques-uns de ses paysages urbains dont « Berges de la Bièvre près de Bicêtre » où l’on voit dans le lointain l’aqueduc Belgrand. Annie Thauront

Lire le dossier : Les bureaux d’octroi de Paris et d’Arcueil-Cachan

Lire le dossier : Le peintre Henri Rousseau appelé le Douanier Rousseau

Histoire et généalogie de l’imprimeur-éditeur Adrien-Armand Bréger et de son épouse Marie-Louise Fribourg

Maison qui fut celle de M. Adrien Bréger, 15 rue du 8 mai 1945
A la suite des poses de plaques pour le 80e anniversaire de la rafle du Vel’ d’Hiv’ aux domiciles des victimes juives arcueillaises de la déportation, Jacques Delahaie et moi-même avons été informés qu’une plaque avait été apposée sur le mur d’enceinte d’une belle propriété, située à Arcueil, à l’angle de la rue Paul Signac et de la rue du Docteur Gosselin, et dont l’adresse est depuis 1965, 15 rue du 8 mai 1945. Cette plaque honore un groupe de Résistants arcueillais, celui du MLN, (dont le responsable était l’abbé Le Corvec), qui en avait fait son centre de commandement lors de la Libération d’Arcueil le 19 août 1944. La maison qui avait été réquisitionnée par l’occupant allemand appartenait depuis 1938 à M. Adrien-Armand Bréger (1902-1991), imprimeur-éditeur et à son épouse Mme Marie-Louise Fribourg (1906-1993). Cette information donnée par leur petit-fils, M. Olivier Artaud, que je remercie vivement, eut pour résultat une recherche sur celui qui construisit la maison, le comte César de Peretti de la Rocca (1827-1899), ainsi que sur les gens célèbres de la rue Paul Signac. Cela a donné lieu à un premier dossier de ce chapitre de notre blog consacré à l’histoire et à la généalogie de Mme et M. Bréger. Le second dossier concerne les faits marquants de la vie de Adrien Bréger qui fut propriétaire de l’imprimerie Hélio-Cachan (en faillite en 1975) et créateur de la carte postale Iris, mais aussi celle de son beau-frère l’avocat Samuel Spanien (1896-1952). Cet avocat juif, époux de Simone Bréger, sœur aînée d’Adrien, prit des risques considérables en défendant Léon Blum devant la Cour suprême de justice instituée par le gouvernement de Vichy le 30 juillet 1940 ; Blum fut accusé d’avoir « trahi les devoirs de sa charge dans les actes qui ont concouru au passage de l’état de paix à l’état de guerre avant le 4 septembre 1939 et dans ceux qui ont ultérieurement aggravé les conséquences de la situation ainsi créée ». Dans le procès qui s’annonçait à Riom (Puy-de-Dôme), Léon Blum put compter sur le soutien de trois avocats. Deux d’entre eux sont des hommes politiques connus pour leurs convictions socialistes : Félix Gouin et André Le Troquer. Leur confrère Samuel Spanien ne bénéficiait pas d’une notoriété comparable, mais allait jouer un rôle essentiel en assistant Léon Blum, celui qui deviendra bientôt un ami. Le troisième dossier est l’histoire généalogique de Adrien Bréger et de Marie-Louise Fribourg sa femme. C’est l’histoire d’un couple de juifs parisiens originaires d’Alsace-Lorraine qui résume celle des Juifs d’Europe occidentale : Allemagne, Espagne et Portugal, Italie, Pays-Bas et Alsace-Lorraine entre antijudaïsme, intégration liée à l'universalisme des Lumières et antisémitisme. Elle est traversée par une longue période de massacres, les pogroms qui suivirent la Peste noire de 1349, d'accusations de crimes rituels comme celui de Raphael Lévy brûlé vif à Metz en 1670, d'extorsions diverses et d'expulsions des villes où ils résidaient, cela avant même l’extermination perpétuée par les nazis avec l’aide de l’État français. Plusieurs membres de cette famille furent victimes de la Shoah. Le dernier dossier est consacré aux personnalités apparentées : l’étudiante parisienne Hélène Berr (1921-1945), Lucy Dreyfus née Hadamard (1869-1945), Camille Sée (1847-1919), Adolphe Crémieux (1796-1880), Jean Zay (1904-1944), Pierre Mendes-France (1907-1982), Jeanne Blum née Levylier (1899-1982) et Antoine Veil (1926-2013), époux de celle qui sera Ministre de la Santé Simone Veil née Jacob (1927-2017). À travers l’histoire du couple Bréger Fribourg, ce sont des pans de notre histoire locale et régionale, avec les communautés juives d’Alsace-Lorraine mais aussi notre histoire nationale, notamment de 1939 à 1945, que nous découvrons. Annie Thauront

Lire le dossier : La rue Paul Signac 

Lire le dossier : L’imprimeur-éditeur Adrien-Armand Bréger, propriétaire du 15 rue du 8 mai 1945 et son beau-frère l’avocat Samuel Spanien 

Lire le dossier : Ascendance de Marie-Louise Fribourg et de Adrien-Armand Bréger 

Lire le dossier : Des personnalités d’origine juives apparentées à Adrien-Armand Bréger et à Marie-Louise Fribourg, son épouse

Une recherche sur l’origine du nom « Montmort » donné à un fief arcueillais à partir du XVIe siècle et Le poète Jean-François de Saint-Lambert et les femmes qu’il aima : Catherine de Boufflers, Émilie du Châtelet et Sophie d’Houdetot.

Jean-François de Saint-Lambert
Le nom « Montmort » a été donné en 1878 à une très ancienne rue d’Arcueil. D’où vient ce nom ? c’est la question posée par notre conservateur du patrimoine. J’ai donc poursuivi l’histoire des Sainctot, seigneurs de Lardenay et des Vize, seigneurs pour partie d’Arcueil par une recherche sur le nom « Montmort » évoqué pour le sieur Pierre Reynault, seigneur du fief de Montmort en 1555, fief racheté par Claude Vize (v.1565-1612) en 1603. Cette recherche m’a conduite à Françoise Mariette (1610-1690), dame de Montmort, mariée à Paul Fréart de Chantelou, important collectionneur de tableaux de Nicolas Poussin et à Henri-Louis Habert de Montmort (1603-1679), seigneur du Mesnil-Saint-Denis, lié au peintre Philippe de Champaigne. Ils ont fréquenté tous les trois l’hôtel de Rambouillet comme le poète Voiture, qui fut l’amant de la précieuse Mme de Sainctot (1600-1666), belle-sœur de Jean-Baptiste de Sainctot, maître de cérémonies et que nous avons découverte dans un beau portrait qu’elle fit d’elle-même. Cette recherche sur les Habert de Monmort s’est continuée après la découverte d’un mariage le 13 janvier 1631 de Marguerite Bobye, fille de Marguerite Vize et Louis Bobye avec Pierre Habert, un descendant d’une branche cadette des Habert de Montmort. Malgré ces tentatives, je n’ai pas réussi à trouver l’origine du nom « Montmort ». Le nom n’a pas été transmis au fief arcueillais par ces familles. Mon hypothèse est que c’est une réminiscence de son sens étymologique « Mont des Morts », car Arcueil fut une nécropole au Haut Moyen-Age. En poursuivant la recherche généalogique, j’ai fait une découverte. Dans la descendance de Marguerite Bobye (et donc de Claude Vize, décédé en 1574, marchand-mercier et bourgeois de Paris), est apparu  Jean-François de Saint-Lambert (1716-1803), militaire, poète, philosophe et académicien au Siècle des Lumières. Il fut l’amant de femmes « célèbres » : Catherine de Boufflers, Émilie du Châtelet et Sophie d’Houdetot et ami de Charles-Juste de Beauvau-Craon. Comme Voltaire, Jean-François de Saint-Lambert fait partie des écrivains anti-esclavagistes du XVIIIe siècle. Je vous invite à lire ces deux nouvelles histoires.

Lire le dossier sur l'origine du nom Montmort

Lire le dossier sur Jean-François de Saint-Lambert

La succession de François-Vincent Raspail

Evariste de Valernes.
François-Vincent Raspail en 1880. 
Encore un gros dossier. Celui-ci concerne la succession de François-Vincent Raspail et celle de son fils Camille, qui fut médecin à Paris et député radical-socialiste du Var de 1885 jusqu’à son décès en 1893. Très soudés pour sauvegarder la mémoire de leur père à partir de sa mort en 1878, les fils Raspail, l’aîné Benjamin et le cadet Xavier, le furent beaucoup moins après la mort d’Émile en 1887 et celle de Camille en 1893. Dans ce dossier, vous découvrirez plusieurs procès intentés par Xavier Raspail et notamment ceux intentés à ses neveux Julien, fils d’Émile et François, fils de Camille. Ce dossier se termine par l’histoire des propriétés des fils Raspail et celle du fonds Raspail (Papiers, livres et collection de tableaux de Benjamin) telle que nous la racontent les archives départementales du Val de Marne. Cette recherche s’inscrit dans celles qui ont pu être faites sur une famille qui a laissé son empreinte dans l’histoire d’Arcueil avec Émile (dont les réalisations en tant que maire ne manquent pas) et celle de Cachan avec Benjamin. 

 Lire le dossier : La succession de François-Vincent Raspail

Deux branches collatérales de la famille des Vize

Armoiries de la Cie royale des Indes orientales
créée en 1664
La préparation de ma conférence du 20 octobre 2022 à la médiathèque Louis Pergaud d’Arcueil sur une saga familiale arcueillaise, celle des Vize et Sainctot, m’a fourni l’occasion d’une recherche sur deux branches collatérales de la famille Vize : celle des de Lannel et des Thomas de Lisle. J’ai  découvert Jacques de Lannel de Pazzy, qui vécut au XVIIe siècle, un neveu de Claude Vize, seigneur pour partie d’Arcueil, décédé en 1647 ; Jacques de Lannel de Pazzy était le fils de Charlotte Vize et de l’écrivain du XVIIe siècle Jean de Lannel ; il se maria en 1660 à Marie Morice, fille d’un trésorier général des domaines, François Morice mort en 1661, fortement endetté. Il fallut 25 ans pour que le règlement de ses dettes soit effectif. Ce règlement avec la liste de ses créanciers est paru dans le recueil Thoisy  de droit public et civil dans un registre des requêtes du Parlement, daté du 9 août 1686, et qui fait 29 pages. J’ai complété ce que je savais sur l’ascendance paternelle de Pierre-Louis Thomas de Lisle, époux de Anne-Françoise-Louise Boucherat, demi-sœur utérine de Simon Emery de Vize, petit-fils de ce même Claude Vize ; Pierre-Louis Thomas de Lisle qui fit construire au début du XVIIIe siècle le château d’Arcueil, château qui sera celui de Simon de Laplace, habitera dans le Marais avec son épouse un hôtel particulier au 10 rue de Thorigny, construit par un associé de son père, Claude Gueston, l’un des premiers directeurs de la Compagnie royale des Indes orientales. Dans les documents consultés concernant ces deux familles, apparaît un procureur des rentes, Gilles Thomas de la Chapelle, oncle de Pierre-Louis Thomas de Lisle et à chaque fois, il y a une référence à Arcueil. Les résultats de cette recherche méritent donc d’être portés à la connaissance de tou(te)s. 

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« Fait divers : un assassinat en gare d’Arcueil-Cachan le 7 octobre 1872 »

Charles Lachaud dans Le Monde illustré
Par hasard, en consultant la presse concernant Arcueil mise en ligne par la BNF, j’ai découvert un fait divers : un assassinat à la gare d’Arcueil-Cachan survenu le 7 octobre 1872. J’ai pensé à un crime crapuleux commis par quelqu’un désirant s‘approprier la recette de la gare. Il s’agissait de tout autre chose. J’ai eu la surprise d’apprendre que l’auteur du crime révélé était le chef de station lui-même.
Il sera condamné à vingt ans de travaux forcés pour meurtre sur la personne de son chef d’exploitation. Son défenseur, qui sauva la tête de l’inculpé, fut Maître Charles Lachaud, le célèbre avocat qui avait été l’un des défenseurs de Marie Lafarge. Comment  un chef de gare sans histoire, âgé de 51 ans, père de famille nombreuse, est-il arrivé à cette extrémité ? C’est ce que vous allez découvrir.  

Germain Pilon, sculpteur du Roy au XVIe siècle, propriétaire à Arcueil : famille, œuvres, atelier.

La Diane de Versailles offerte à Henri II
et placée en 1696 dans la Galerie des Glaces
Cet article, annoncé dans la conclusion de celui que j’ai consacré au Mystère de Saint-Blaise joué à Arcueil en 1540 (et qui vient de paraître sur ce blog), concerne le grand sculpteur de la Renaissance française, Germain Pilon (ou Pillon) (v. 1528-1590). Il fit, dans la seconde moitié du XVIe siècle, l’achat de terres agricoles à Arcueil et dans les communes alentours. Les œuvres les plus connues de Germain Pilon sont des sépultures dont le magnifique tombeau de Henri II et de Catherine de Médicis dans la basilique Saint-Denis. Comme il était fréquent au XVIe siècle, le métier de sculpteur se transmettait de père en fils, la destinée des fils du sculpteur sera donc présentée. Ensuite mon intérêt s’est porté sur une branche familiale collatérale de celle de Germain Pilon, celle de sa sœur Noémie Pilon. Et dans cette famille, on trouve le nom du plus grand architecte du XVIIe et du début du XVIIIe siècle, Jules Hardouin-Mansart (1646-1708), l’architecte de la galerie des Glaces. Avec cet article, c’est une petite partie de l’Histoire de l’Art au XVIe, avec la sculpture que j’invite à découvrir à partir du minutier central des notaires parisiens dépouillé aux Archives nationales par Mme Catherine Grodecki mais aussi à découvrir l’architecture au XVIIe à travers les noms et les œuvres de Hardouin-Mansart et des Gabriel. Dans les jardins d’Arcueil dans le bosquet de Diane, dont l’entrée se trouvait à l’emplacement de l’entrée de la Maison Curie rue Clément Ader, au Sud du Grand escalier, se trouvait une reproduction de l’Artémis antique dite Diane de Versailles. Cette statue romaine, copie d’une statue grecque, avait été offerte à Henri II en 1556 ; placée dans les jardins du château de Fontainebleau, restaurée par un élève de Germain Pilon en 1602, elle fut placée en 1696 dans la Galerie des Glaces. La statue arcueillaise de Diane n’existe plus. Il en existe un dessin, celui du bosquet de Diane par Jean-Baptiste Oudry avec dans le fonds cette Diane chasseresse. Peut-être après cet article, serez-vous incité(e) à aller découvrir les chefs d’œuvre sculptés des jardins de Versailles présentés dans la galerie des sculptures et des moulages dans la petite écurie de Versailles (ouverte les samedi et dimanche jusqu’au 30 octobre 2022). 

Lire le dossier Germain Pilon sculpteur du Roy

Un Mystère sacré joué à Arcueil à la fin du Moyen-Âge : le Mystère de Saint-Blaise

Le supplice de Saint-Blaise
Faisant une recherche généalogique dans les minutes d’un notaire parisien sur les habitants d’Arcueil qui, en 1606, avaient signé un accord avec André Hurault de Maisse sur le partage de l’eau de la seule fontaine du village, j’ai fait une découverte. Il s’agit d’un contrat concernant six laboureurs arcueillais qui passèrent le 13 juin 1540 un marché avec un peintre parisien pour la construction des décors d’un Mystère joué à Arcueil, celui de M. Saint-Blaise. Pour les médiévistes s’intéressant à l’histoire du théâtre français, cet acte notarié est important, (il en existe cinq autres) car même si à Paris, à la fin du XVe et au début du XVIe siècle, les représentations théâtrales des Mystères sacrés étaient nombreuses, il y a très peu de représentations documentées. Les documents concernant les Mystères joués à Paris sont probablement dispersés dans plusieurs fonds d’archives ou perdus. La représentation d’Arcueil eut lieu à une date où les spectacles de la vie des saints n’avaient pas encore suscité l’hostilité du Parlement de Paris. C’était avant l’arrêt de 1548 de ce même Parlement qui interdit de jouer des Mystères sacrés à Paris et en banlieue. 1548 marque la fin du drame médiéval et donc d’un théâtre « populaire » avec des auteurs anonymes et des acteurs non professionnels avant que n’apparaisse un théâtre « intellectuel » avec « Cléopâtre captive », tragédie d’inspiration antique d’Étienne Jodelle, écrite en alexandrins et décasyllabes et représentée en 1552 et en 1553 devant Henri II. Les poètes de la Pléiade, amis de Jodelle, étaient venus à Arcueil fêter son succès, dans ce même village où quelques années auparavant, avait été donné le Mystère de Saint-Blaise. Le contrat arcueillais, qui en détaille les décors et les accessoires, est « exceptionnel ». J’en fais l’analyse à partir de l’article du médiéviste Graham A. Runnals paru dans le tome 119 de la revue Romania en 2001. Je présente aussi deux autres Mystères donnés en banlieue, celui de Saint-Cyr qui fut joué à Villejuif en 1547 et celui de « La Vendition de Joseph » joué à Annet-sur-Marne en 1560. J’ai donc cherché pourquoi Saint-Blaise a été honoré à Arcueil. J’ai trouvé que ce saint et martyr était le patron des carriers et que l’église Saint-Denys en avait eu une relique au XVe siècle. Alors profitez de mes découvertes. 

« François-Vincent Raspail (1794-1878) candidat à la première élection présidentielle au suffrage universel » et « Arcueil et les inculpés à la suite de l’insurrection ouvrière de juin 1848 et du coup d’État de décembre 1851 »

Daumier : Jeanne Deroin au centre de l'Emeute
L’élection présidentielle de mai 2022 m’a conduite à m’intéresser à la première élection en France d’un président de la République au suffrage universel (masculin), celle du 10 décembre 1848. Cette élection faisait suite à la chute de Louis-Philippe, à l’instauration de la Seconde République et à l’insurrection parisienne des 23, 24 et 25 juin 1848. Elle vit l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte contre le général Cavaignac, massacreur des insurgés de juin. À cette élection présidentielle fut « candidat impossible » notre futur compatriote, le républicain et médecin des pauvres François-Vincent Raspail. N’étant pas autorisé à se représenter à la présidence de la République (mandat limité à 4 ans sans possibilité de renouvellement), Louis-Napoléon Bonaparte fit un coup d’État. Et il y eut de nouveau une insurrection, plus importante en Province qu’à Paris et ses banlieues. Comme je l’avais fait pour les Communards, j’ai cherché s’il y avait eu des Arcueillais impliqués dans l’insurrection parisienne de juin 1848 et celle qui suivit le coup d’État du 2 décembre 1851. J’ai ainsi découvert les noms de 43 Arcueillais inculpés : 27 en 1848 et 16 en 1851 dont 5 qui furent transportés (déportés) en Algérie. Dans mon premier texte « François-Vincent Raspail, candidat à la première élection présidentielle au suffrage universel », sont publiés quelques-uns de ses écrits politiques dont une adresse à ses concitoyens en vue de l’élection du 10 décembre 1848. Dans le second texte « Arcueil et les inculpés à la suite de  l’insurrection ouvrière de juin 1848 et du coup d’État de décembre 1851 », sont publiés des témoignages de « transportés en Algérie ». Des femmes ayant fait irruption dans l’espace public en 1848 et ayant subi la répression, je présente les hommages de Victor Hugo à deux d’entre elles : Pauline Roland née le 6 juin 1805, qui avait essayé de voter en 1848, morte le 16 décembre 1852 lors de son retour de transportation en Algérie et Louise Julien née le 17 juin 1815, morte en exil à Jersey le 23 juillet 1853. Je présente Jeanne Deroin née le 31 décembre 1805 qui, réclamant l’égalité civile et politique, posa sa candidature aux élections législatives de 1849 en dépit des réactions hostiles. Après le coup d’État du 2 décembre 1851, elle s’exila à Londres où elle mourut le 2 avril 1894. Je vous souhaite une bonne lecture de ces deux dossiers. Profitez-en pour lire ou relire ce que j’ai publié sur « Arcueil et la Commune de Paris ».